Dame nature
Notre meilleure amie ne nous a pas gâté ces dernières années.
Sécheresse en 2016, gelée noire et sécheresse en 2017 et mildiou en 2018... La liste s’allonge alors qu’on ne rêve plus que d’une bonne récolte, d’une année « normale ».
Le mildiou, ennemi N°1 du vigneron, est un maudit champignon, tueur de feuilles et de grappes, qui s’éclate au printemps quand humidité et chaleur se donnent rendez-vous.
Il a été particulièrement virulent cette année, dans toute la partie sud de la France et notre Languedoc a été particulièrement touché. Nous autres vignerons bio avons été martyrisés. Les traitements bio que nous utilisons sont globalement moins protecteurs que les traitements de pesticides systémiques de synthèse, surtout, comme cela a été le cas en cette année exceptionnelle, quand la pression du mildiou est si forte. Certaines variétés ont été fortement touchées : les grenaches, les carignans, les cinsaults ont beaucoup souffert et les pertes de récoltes varient, suivant les parcelles, de 20 à 80%..
La syrah, le mourvèdre et les cabernets ont mieux résisté.
Quand on me demande : « alors cette vendange ? », ma réponse est plus que mitigée.
Si les jus sont excellent avec un parfait état sanitaire des raisins et des vendanges sous un soleil violent et des températures exceptionnelles (pas une goutte d’eau de mi-août à fin septembre !), les volumes ne sont pas au rendez-vous et nous devrions finir nos vinifications avec une perte d’environ 35% par rapport à une année moyenne. C’est lourd. Surtout après deux mauvaises années.
Et inquiétant, avec nos ventes qui s’envolent, rançon du succès grandissant de nos vins.
Croisons les doigts, touchons du bois et dansons nus à la pleine lune : la prochaine vendange doit impérativement être celle d’une année « normale ». Question : que devient la « normalité » quand on constate année après année le dérèglement de notre climat ? Des années encore plus folles sont-elles devant nous ? C’est à craindre !